Ca veut dire quoi Se relier au souffle ?
Ca veut dire en fait, soutenir sa voix en favorisant une bonne inspiration et une bonne posture, afin que les muscles du soutien s’activent d’eux-mêmes et permettent au souffle d’être conduit, en partant du diaphragme vers les cordes vocales, avec une pression sous-glottique bien dosée. (voir l’article « Le soutien »)
Lorsque la voix est ainsi soutenue :
- Le contact des cordes est bon
- La larynx est en place et stable
- La ligne vocale est bonne
- La connexion au diaphragme et le focus du son sont bons
- On sent les muscles du soutien s’activer d’eux-mêmes et on se sent très vivants et plein d’énergie !
Comment se relie-t-on au souffle ?
Si j’en juge par mon expérience, il n’y a pas de règle fixe applicable à tout le monde !
Déjà, une bonne inspiration dans une certaine détente est un très bon début. Puis, au commencement du son, on essaie de garder une tenue et un alignement du corps, ce qui permet au corps de se mobiliser et on essaie de ne pas crisper les muscles du bassin, ce qui bloquerait l’air.
Il y a aussi quelques exercices qui peuvent aider :
- S’asseoir permet de sentir mieux sa respiration
- Porter attention à ses sensations corporelles pour les éveiller
- Mettre un Z ou V avant la voyelle permet de sentir une certaine connexion à son corps et de sentir un mouvement du diaphragme vers le haut
- Etc…
A un autre niveau, le souffle nous relie à l’espace et aux personnes présentes. Si vous écoutez un chanteur chanter sur le souffle sans forcer sa voix, tout de suite vous vous sentez avec lui dans le même espace, porté par le même souffle, touché dans votre coeur. Je pense à George Thill dans l’air « Rachel, quand du seigneur » dans La juive d’Halévy ou à Jussi Björling (un autre ténor) dans l’air de Rodolfo de La Bohème « Che gelida manina ». On peut vraiment entendre dans ces deux airs que la voix et la musique sont portées par le souffle.
La racine latine « spir » signifie le « souffle ». A cette racine est ajoutée le suffixe
« -tus », ce qui donne « spiritus », à la fois « esprit » et « souffle ». En effet, lorsque l’on chante vraiment sur le souffle, on se sent relié profondément à la musique, à ce qui nous entoure et à quelque chose de plus vaste que nous. Les auditeurs ne s’y trompent pas et se sentent aussi en harmonie avec le chanteur et la musique. Pour ne prendre qu’un exemple, la saison passée à l’Opéra de Paris, j’ai travaillé sur Don Carlos de verdi, avec notamment l’excellent baryton français, Ludovic Tézier. A chaque fois que Ludovic chantait, il y a avait un silence particulier dans la salle et une attention prés fine des spectateurs suivie d’une « standing ovation » où tout le monde se sentait dans le même espace musical !